SOUTH PAW: Stranded Alive (2020)
Il y a pas mal de temps, nous avions découvert ce groupe de Louisiane au travers d’un unique album datant de 1980 que nous avions bien apprécié. La firme Southern Records a déterré ce live réalisé cinq ans plus tard, soit en 1985. Preuve que South Paw est resté actif pendant cinq années au moins. Et même si ce combo n’a pas connu la gloire, on se rend compte en écoutant ce disque qu’il a fait exactement comme beaucoup de vedettes du rock sudiste à cette période : s’orienter vers le rock FM. Et ce concert rappelle étrangement ceux des groupes sudistes au milieu des années 80. Un cocktail d’anciens morceaux de rock sudiste et de nouveaux titres visant à entrer dans les bonnes grâces des radios. On en a de bons exemples au travers d’enregistrements en public officiels (Molly Hatchet et son « Double trouble live ») ou en bootlegs (Blackfoot, Johnny Van Zant Band). Oui, les années 1984/85 ont été très néfastes pour notre chère « southern music » !
Même si South Paw est resté confidentiel (voire quasiment inconnu, à part en Louisiane), il a emprunté la même voie que ses aînés. Sur la pochette, on découvre que les « rednecks » de 1980 s’étaient coupé les cheveux et avaient investi dans des fringues à la mode (de cette époque évidemment). Après tout, d’autres plus connus l’avaient bien fait. Cependant, cela ne présageait rien de bon. Enregistré fin décembre 1984, le show mélangeait donc deux styles de musique. Du rock sudiste avec quelques chansons tirées du premier album : le rock sudiste brûlant « Raise the roof », le « southern boogie » « Goin’ down to Jimmy’s », la ballade musclée « Searchin’ » et l’instrumental infernal « Freight train » avec son accélération finale. On s’aperçoit ainsi que ces musiciens étaient aussi doués en studio que sur scène.
Les autres titres lorgnaient carrément du côté du rock FM (« Don’t blame me », « Hot razors in my heart », « Tough on the streets », « Cry no more » et « On the run »). Mais les gars de South Paw s’en tiraient haut la main et prouvaient leur maîtrise technique. Bien qu’éloignés du style de base du groupe, les nouveaux morceaux ne sonnaient pas « contre nature », preuve du talent des membres de cette formation. Il faut bien avouer qu’ils assuraient un maximum.
Que sont-ils devenus ? Impossible de le savoir. Actuellement, il y a bien une dizaine de groupes nommés South Paw aux States mais aucun ne compte dans ses rangs ces musiciens oubliés. Pourtant, il semblait assez facile de les retrouver grâce à un détail qui ne s’invente pas : le bassiste s’appelait… Gary Moore ! Il a dû bien se faire chambrer par ses potes. Le même nom mais pas le même destin. Tous ces mecs ont dû jeter l’éponge et doivent maintenant se souvenir avec nostalgie de leur passé de musicos. Au final, le concert se laisse écouter (surtout pour les chansons sudistes classiques) et on se surprendra à apprécier ce « Stranded alive », vestige du passé et parfait reflet de son époque.
Olivier Aubry